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Lame de fond
Traversée de l'art dansé et peint par Samaya
Photo : Bernard Kieser

Interview

Texte et interview par Pascaline Vallée

Pow Wow, juin 2012

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C'est ce que Samaya nous a dit parfois pour que nous donnions le meilleur de nous-même. Pas tant en force ou en précision qu'en énergie et en envie. Sentir, remplir les mouvements jusqu'aux extrémités nécessite de laisser à la porte du cours toutes les crispations, qu'elles soient physiques ou mentales. Pas facile, mais vital. Danser comme on respire, ça ne vient qu'en apprenant à respirer. 


Samaya concentre une énergie énorme et la diffuse autour d'elle. Elle est « centrée », comme elle dit. Tandis que nous tentons encore d'organiser le vaste va-et-vient des énergies dans notre corps, elle semble les orienter d'un léger revers de main pour en faire un tourbillon.

Quand je décidai de l'interviewer sur ses arts (la peinture, la danse, la musique), je ne savais pas trop par où entrer dans ce tourbillon. Pas possible de faire autrement que de l'interroger de l'intérieur. Mes questions sont basiques, factuelles. Elles restent celles de l'élève à la prof. Pas facile de poser des mots sur une chose aussi sensible que la danse, surtout quand elle ne cesse de s'inventer. Comme demander au feu : « Hé, comment tu brûles ? »


La réponse de la formule magique n'est pourtant pas venue du feu. « Tout mon secret est dans l'eau, m'explique Samaya. Il y a un truc entre moi et elle. Si je ne vais pas la voir, ça ne va pas. Alors le bleu revient partout dans mon travail, sous toutes ses facettes, du plus sombre, quand on pourrait croire que c'est du noir, jusqu'à presque de la lumière. Jusqu'à l'élément eau aussi, celui du sabre. » Le bleu, ici, ce n'est pas la couleur des bobos qu'on se fait parfois aux genoux ou simplement la couleur du ciel, mais celle d'un état d'équilibre et de bien-être.

Les éléments sont très importants pour Samaya. « Je n'ai pas de maître en tant qu'être humain, parce que les êtres humains ont un égo, je trouve qu'ils ont encore beaucoup à apprendre pour se transformer en maîtres. Ceux avec qui j'ai le plus appris, ce sont les éléments. » Le ciel, la terre, l'eau et l'univers, ce sont ses éléments, ceux qu'elle nous transmet et que nous faisons à chaque début de cours, en cercle.


« Mais vous transpirez vraiment ? », me demande-t-on parfois, une vague idée de Taï-chi dans la tête quand je parle de danse martiale. Et comment ! Faire de la danse martiale, c'est un check up général. Dès les premières minutes, on se rend compte des déséquilibres, de ce qui va ou pas. Si on est bien dans le sol, c'est que la tête est libre. Si on n'est pas stable, il y a encore des nœuds à défaire. Plus on est tendu, distrait, fatigué, plus on dépense de l'énergie en la dispersant.


De l'extérieur pourtant, c'est avant tout de la danse, des mouvements. Des histoires aussi. « Les gens, me dit Samaya, depuis leur plus tendre enfance, aiment les histoires. S'ils voient une histoire, tu as gagné. Tu les as sortis de leur quotidien, de ce qu'ils connaissent par cœur. Une chorégraphie, c'est tellement une histoire de sensations que ça booste tout de suite. »


Ca booste oui. Une énergie qui se diffuse aussi sur les autres activités que l'on peut avoir dans la vie. Comme pour Samaya, qui lie danse et peinture, mais aussi musique et travail de modèle pour des photographes. « Mes chorégraphies débutent au milieu des tableaux, raconte-t-elle. Et chaque chorégraphie que je fais se reverse dans la peinture. Parce que ça apporte encore plus de mouvement, d'ampleur, d'élan... » Finalement, ce qu'elle me dit est simple, évident même, loin de tout mysticisme philosophique. Samaya a tracé sa voie, s'écoutant au lieu d'écouter les autres.


En sortant de cette interview, une chose me paraît certaine. Ma couleur préférée a toujours été le bleu. 


ais comme si tout à coup une loi passait et qu'il était interdit de danser. Quand tu sortiras de cette salle après le cours, plus le droit de danser. » 
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Tu peins, danses, joues de la musique... Qu'est-ce qui est venu en premier ?

« Je dessine depuis toujours. Puis le dessin s'est transformé en peinture. J'ai découvert la peinture à l'huile et je ne l'ai pas quittée.


La danse est donc aussi liée à ta peinture ?

« La danse, c'est ce qui manquait à mes tableaux, et à ma pratique des arts martiaux. Quand j'ai commencé le viet vo dao, je trouvais ça génial, mais il manquait quelque chose. Je voyais des chorégraphies qui se continuaient plutôt que les exercices qu'on nous faisait faire.


C'était quand?

« Je me suis lancée dans les arts martiaux quand j'avais 13-14 ans.


Et ensuite tu as commencé la danse...

« Beaucoup plus tard, vers 23 ans, à peu près. J'avais remarqué que les arts martiaux s'intéressent souvent aux muscles du devant : le quadriceps, le tranchant du tibia avec lequel on fait le circulaire... Les axes, c'est la danse classique qui me les a appris. Quand on apprend le coup de pied circulaire par exemple on s'exerce souvent sur un sac. Tu peux envoyer ton coup de pied sur un sac, il va recevoir tout ton poids, toute ta maladresse, mais si tu n'as pas ton axe ça ne tient pas. Quand tu le fais dans le vent, il faut savoir tenir au milieu de son talon pour ne pas tomber. Tout ça on ne l'apprend pas dans les arts martiaux, enfin on se débrouille, alors que c'est très bien expliqué dans la danse. La danse classique est un peu comme le solfège quand tu veux apprendre un instrument. Tu as l'oreille, des mélodies dans ta tête qui font que tu es prêt à jouer, et le solfège est la technique qui va t'aider. Moi j'ai mis la danse classique au service des arts martiaux.


Quand tu as commencé la danse tu as tout de suite fais le lien entre les deux?

« Vers 18-20 ans, j'étais déjà dans la danse martiale sans le savoir. Je transformais déjà les katas. Mais jamais je n'aurais cru que j'enseignerais ou que j'aurais le luxe de pouvoir faire une chorégraphie devant un public. Ça s'est fait au fur et à mesure. J'en parlais à mes professeurs au viet vo dao, je disais : on peut faire beaucoup plus de représentation, moins de combat... Et à force de me plaindre, je me suis dis : fais ! Fais, parce que les arts martiaux suivent une tradition qui date de très longtemps, ils ne vont pas changer. Par contre, toi, à qui on a appris les arts martiaux, tu peux les faire évoluer. Plus je faisais et plus je me dirigeais vers ce qui me manquait. Pour les axes, j'ai pris la danse classique. Ici, on aime bien enfermer les choses dans des cases, mais c'est mauvais. Tu pourras même trouver des chorégraphes qui te diront qu'ils ne sont pas musiciens, alors qu'ils le sont de toute façon malgré eux.


Comment as-tu décidé d'avoir des élèves ?

« Je n'ai pas décidé. J'étais en plein passage de diplôme d'Etat, et une copine à moi, qui donnait des cours de jazz, m'a demandé de la remplacer un jour. J'ai dis : « ok mais ce ne sera pas du jazz. Je viendrai avec mon sabre et je ferai ce que je sais faire. » Le responsable de l'espace Jemmapes, où ça se passait, était collé à la vitre pendant tout le cours. Je pensais qu'il allait me tomber dessus à la fin, parce qu'au lieu du jazz qu'il attendait c'était des coups de poing, de pied, de sabre, mais en fait il m'a demandé de donner des cours. Ca a commencé comme ça.

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Comment as-tu commencé à avoir des idées d'images?

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Photo : Bernard Kieser

Et qu'est devenue la peinture dans tout ça?

« Chaque chorégraphie que je fais se reverse dans la peinture. Ça apporte encore plus de mouvement, d'ampleur, d'élan... C'est justement venu au moment où je commençais à apprendre la matière, l'huile. Faire de la peinture à l'huile c'est comme danser avec un sabre. Il faut taire un peu ce que tu veux et écouter la matière, ce qu'elle propose. Plusieurs fois j'ai peint au sabre. Je le trempe dans la peinture et fais de grandes giclées sur la toile. Ensuite je le pose et j'améliore au couteau, au chiffon, avec toutes les techniques que je connais. C'est un peu le mariage de la peinture et du mouvement dansé.


En fait quand tu crées un tableau, tu as davantage des mouvements dans la tête que des images ?

« Oui.


C'est figuratif?

« Souvent. L'abstrait dedans c'est surtout la technique. Si on fait un zoom sur un petit endroit dans un tableau c'est la technique en elle-même qui devient abstraite. C'est exactement pareil que dans une chorégraphie. Ce qui m'intéresse c'est que si on zoome sur une chorégraphie, on ne voit que c'est la technique du centre, et le centre a lui-même une chorégraphie. Ensuite je déplie tout ça de manière à ce que cela forme une histoire pour celui qui ne connaît rien au centre et qui est simplement venu là pour qu'on lui raconte quelque chose.

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Samaya est aussi modèle.
Elle collabore avec des photographes qu'elle emmène à son tour vers la danse martiale. Photo : Bernard Kieser

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